Le quatrième chapitre intitulé « L’Iran sous Rouhani Acte I : l’avènement des modérés », débute en évoquant le contexte de l’élection présidentielle de 2013.
Contexte de l’élection de 2013 :
En 2013, l’Iran sort de huit années cauchemardesques sous Ahmadinejad. Sa présidence controversée était marquée par des tensions internationales accrues, une crise politique profonde, et des difficultés économiques croissantes, l’Iran aspire au changement. L’économie est exsangue, le pays isolé, la société civile réprimée.
Les pressions internationales sur le programme nucléaire iranien pèsent sur le pays et les dirigeants cherchent une issue pour mettre fin aux sanctions. Le Conseil des gardiens disqualifie un poids lourd de la République islamique d’Iran, Ali-Akbar Hashemi Rafsandjani, mais aussi Esfandiar Rahim Mashaei, un proche d’Ahmadinejad, ce qui accentue les divisions au sein du camp conservateur.
Les principaux candidats :
- Hassan Rouhani : Un religieux libéral, ancien négociateur en chef du dossier nucléaire iranien, se présente comme un candidat du consensus, capable de restaurer le dialogue avec l’Occident et de redresser l’économie.
- Mohammad-Bagher Ghalibaf : Ex-général des Gardiens de la Révolution, ex chef de la police nationale iranienne, Maire de Téhéran depuis 8 ans. Ghalibaf s’efforcent d’être reconnus en tant que candidat le plus proche du guide Khamenei.
- Saeed Jalili Ultraconservateur, négociateur iranien du dossier nucléaire sous la présidence de Mahmoud Ahmadinejad.
- Mohammad Reza Arref : Représentant le courant réformateur, il bénéficie du soutien de l’ancien président Mohammad Khatami.
Rouhani n’est pas un inconnu. Ce sexagénaire a participé à toutes les grandes négociations iraniennes depuis la Révolution. Proche de Rafsandjani, il incarne l’aile pragmatique du système, celle qui privilégie les intérêts nationaux aux considérations idéologiques.
Campagne électorale et débats télévisés :
L’auteur décrit l’atmosphère tendue des débats télévisés, où les candidats sont confrontés à des questions étranges et à un animateur à la posture inquisitoriale. Un climat de méfiance et de suspicion plane sur la campagne, illustrant les blessures des années traumatisantes d’Ahmadinjejad et particulièrement après la répression du Mouvement vert.
Victoire de Rouhani et espoirs de changement :
Après beaucoup d’hésitation, finalement, les réformistes se rangent derrière Hassan Rouhani et celui-ci remporte l’élection dès le premier tour, avec plus de 50 % des voix. Sa victoire est perçue comme une victoire des Iraniens qui aspiraient à l’ouverture et au dialogue. Rouhani promet des réformes en faveur de la liberté d’expression, des minorités ethniques et religieuses, ainsi qu’une amélioration de la situation économique. Son élection suscite un immense espoir en Iran et à l’international. Il représente une alternative au discours belliqueux et à la politique isolationniste d’Ahmadinejad.
La diplomatie du sourire
Le nouveau président change radicalement le ton de la diplomatie iranienne. Fini les provocations d’Ahmadinejad, place à la “diplomatie du sourire”. Rouhani multiplie les gestes d’ouverture : échange de lettres avec Obama, intervention modérée à l’ONU, libération de prisonniers politiques.
Cette nouvelle approche porte rapidement ses fruits. Les négociations sur le nucléaire, enlisées depuis des années, reprennent sérieusement. Pour la première fois depuis 1979, un dialogue constructif s’engage entre l’Iran et l’Occident.
L’accord de Vienne
Le 14 juillet 2015, l’Iran et les grandes puissances signent l’accord de Vienne sur le nucléaire. Cet accord historique limite le programme nucléaire iranien en échange d’une levée progressive des sanctions. Pour beaucoup d’Iraniens, c’est la promesse d’un retour à la normale.
L’accord révèle le génie diplomatique de Rouhani et de son ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif. Ils ont réussi à convaincre le Guide, initialement sceptique, de l’intérêt de cet accord pour l’Iran.
Les défis qui attendent Rouhani :
Malgré les espoirs suscités par son élection, Rouhani devra faire face à de nombreux défis. Il devra composer avec les forces conservatrices qui s’opposent à ses réformes et à son ouverture envers l’Occident. Il devra également répondre aux attentes économiques et sociales d’une population frappée par les sanctions et la crise.
Le chapitre IV se termine en soulignant que l’élection de Rouhani marque un nouveau chapitre dans l’histoire de la République islamique d’Iran. Il reste à voir si le nouveau président parviendra à concrétiser ses promesses de changement et à répondre aux aspirations d’un peuple en quête d’ouverture, de liberté et de prospérité.
L’Iran ; debout mais déçu
Cet ouvrage analysant la complexité de la société et du régime iranien à travers différents angles, mettant en lumière les contradictions entre l’image projetée à l’international et la réalité vécue par la population.
L’auteur, à travers son expérience de journaliste mais aussi ancien activiste politique, souligne la richesse de la presse iranienne et la pauvreté du traitement médiatique occidental, accusé de “misérographie des Autres”. L’analyse critique de la représentation médiatique occidentale de l’Iran, est confrontée à l’évolution interne du pays, marquée par des alternances entre ouverture et répression, des luttes de pouvoir entre factions politiques (réformistes, conservateurs, populistes et ultraconservateurs), et l’impact des sanctions internationales et des interventions géopolitiques. L’ouvrage examine également la place des femmes iraniennes, le rôle de la religion et la tension entre les inspirations de l’ouverture face aux réactionnaires religieux, ainsi que l’évolution de l’économie et du paysage politique iranien.
Le livre explore plusieurs périodes clés de l’histoire iranienne, de la révolution de 1979 à l’ère post-Ahmadinejad, en passant par le mouvement vert et les manifestations de 2017 et 2019. Il examine les enjeux politiques (le rôle du Guide, le valayat-e faqih, les élections), économiques (la dépendance au pétrole, les sanctions occidentales), et sociaux (les droits des femmes, la société civile), tout en soulignant l’importance des sources internes et la nécessité de dépasser les clichés occidentaux pour une compréhension nuancée de l’Iran.
L’ouvrage se termine sur une analyse des élections présidentielles de 2024 et des défis auxquels fait face le pays, en particulier face à la “pression maximale” états-unienne et à l’évolution de la société iranienne.










