Le chapitre V de « L’Iran ; déçu mais debout« , intitulé « L’Iran sous Rouhani Acte II : les victoires électorales », est une chronique détaillé des batailles électorales de Hassan Rouhani et ses alliés pour changer la balance du pouvoir en leur faveur.

Après son élection en 2013, Rouhani fait face à un parlement (Majlis) dominé par les conservateurs, hostiles à sa politique d’ouverture. Le groupe parlementaire ultraconservateur « Jebhe Paydari » (Front de résilience), multiplie les obstructions pour entraver les réformes de Rouhani.

Objectif : une majorité parlementaire :

Conscient du besoin d’un soutien parlementaire solide pour mettre en œuvre ses réformes, Rouhani s’engage activement dans la campagne des élections législatives de 2016. Les réformistes et les modérés s’unissent sous la bannière du « Conseil de coordination des réformateurs » (Shuraye hamahangi eslah talaban) pour présenter une liste commune. Cette alliance, soutenue par des figures influentes comme Khatami, Rafsandjani et Rouhani, ambitionne de conquérir la majorité des sièges au Majlis.

Des enjeux cruciaux :

• L’auteur souligne les enjeux majeurs de ces élections :
• Mise en œuvre de l’accord nucléaire : Une victoire des réformateurs faciliterait l’application de l’accord international sur le nucléaire et la levée des sanctions.
• Réformes économiques : Rouhani souhaite faire adopter des réformes économiques ambitieuses, notamment en réduisant les subventions accordées aux organisations étatiques.
• Ouverture sociale et politique : Une majorité réformiste permettrait de faire progresser les droits des femmes et des minorités, et de promouvoir une plus grande liberté d’expression.
• Influence sur la politique régionale : Une victoire des réformateurs renforcerait la position de l’Iran dans les conflits régionaux, en promouvant une approche diplomatique plutôt que militariste.

Victoire triomphale des réformateurs :

Les élections de février 2016 marquent une victoire historique pour les réformateurs, qui remportent la majorité des sièges au Majlis. À Téhéran, la liste des réformateurs rafle la totalité des 30 sièges, infligeant une défaite cuisante aux conservateurs. Ce succès s’explique notamment par :

• Le soutien populaire à l’accord nucléaire négocié par Rouhani.
• La mobilisation des jeunes et des femmes, en faveur du changement.
• L’unité du camp réformiste et modéré.

Conséquences et perspectives :

Les victoires électorales des réformistes renforce considérablement la position de Rouhani. Il dispose désormais d’une majorité parlementaire pour mettre en œuvre son programme de réformes. Cette victoire ne signifie pas pour autant la fin du pouvoir des conservateurs en Iran. Ces derniers contrôlent toujours des institutions clés comme le Conseil des gardiens de la Constitution et le pouvoir judiciaire. Néanmoins, l’élection de 2016 marque un déplacement du centre de gravité politique en Iran, en faveur d’une approche plus modérée et ouverte sur le monde.

Le chapitre VI se clôt en affirmant que les élections de 2016 ouvrent une nouvelle ère pour la République islamique d’Iran. L’avenir du pays dépendra de la capacité de Rouhani à capitaliser sur cette victoire et à concrétiser ses promesses de changement, tout en naviguant entre les différents courants politiques qui composent la société iranienne.

L’Iran ; déçu mais debout

Cet ouvrage analysant la complexité de la société et du régime iranien à travers différents angles, mettant en lumière les contradictions entre l’image projetée à l’international et la réalité vécue par la population.

L’auteur, à travers son expérience de journaliste mais aussi ancien activiste politique, souligne la richesse de la presse iranienne et la pauvreté du traitement médiatique occidental, accusé de “misérographie des Autres”. L’analyse critique de la représentation médiatique occidentale de l’Iran, est confrontée à l’évolution interne du pays, marquée par des alternances entre ouverture et répression, des luttes de pouvoir entre factions politiques (réformistes, conservateurs, populistes et ultraconservateurs), et l’impact des sanctions internationales et des interventions géopolitiques. L’ouvrage examine également la place des femmes iraniennes, le rôle de la religion et la tension entre les inspirations de l’ouverture face aux réactionnaires religieux, ainsi que l’évolution de l’économie et du paysage politique iranien.

Le livre explore plusieurs périodes clés de l’histoire iranienne, de la révolution de 1979 à l’ère post-Ahmadinejad, en passant par le mouvement vert et les manifestations de 2017 et 2019. Il examine les enjeux politiques (le rôle du Guide, le valayat-e faqih, les élections), économiques (la dépendance au pétrole, les sanctions occidentales), et sociaux (les droits des femmes, la société civile), tout en soulignant l’importance des sources internes et la nécessité de dépasser les clichés occidentaux pour une compréhension nuancée de l’Iran.

L’ouvrage se termine sur une analyse des élections présidentielles de 2024 et des défis auxquels fait face le pays, en particulier face à la “pression maximale” états-unienne et à l’évolution de la société iranienne.